Mise à jour le 12 oct. 2022
Publié le 29 août 2022 – Mis à jour le 12 octobre 2022
Les BU de Lyon 2 organisent des formations spécifiques pour les doctorants : Isidoc't d'une part (en collaboration avec Lyon 3 et l'ENS), et d'autre part, un module "Science Ouverte" destiné à les aguerrir aux outils et principes de ce thème. A travers ces portraits, nous en apprenons un peu plus sur leur sujet de thèse et l'intérêt des formations qu'ils ont suivies.
Doctorante en Philosophie depuis 2021 à l'ENS, Helena est également agrégée. Elle a suivi la formation Isidoc't qui s’est déroulée à la BU Chevreul de Lyon 2 en avril 2022. Nous avons discuté doctorat et de son goût prononcé pour l'activité de recherche.
Retrouvez les détails de la formation Isidoc't et du Module Science Ouverte |
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Parcours universitaire et travail de recherche
- Est-ce que vous pourriez commencer par nous expliquer votre parcours universitaire ?
H. : Concernant mon parcours universitaire, j’ai fait une prépa littéraire, une hypokhâgne et une khâgne. J’étais en khâgne spécialité lettres modernes et je me suis rendue compte pendant mon année khâgne que c’était vraiment de la philosophie que je voulais faire. Je suis donc partie à Lyon 3 en Philosophie pour finir ma licence. A la fin de ma L3, j’ai candidaté sur dossier à l’ENS de Lyon et j’ai été accepté sous le statut « normalien étudiant ». Ensuite, j’ai fait le M1 « Histoire de la Philosophie » avec un mémoire qui portait sur l’espérance chez Leibniz et les stoïciens. Après mon M1, j’ai passé l’agrégation et j’ai été admissible mais je n’ai pas eu les oraux. J'ai donc fait mon M2 avant de retenter l’agrégation. J’ai fait le M2 toujours en histoire de la Philosophie et c’est en M2 que j’ai commencé à m’intéresser au concept d’apocatastase chez Leibniz. Après mon M2, j’ai passé à nouveau l’agrégation et cette fois je l’ai eu. Pendant mon année d’agrégation, j’ai aussi candidaté à un contrat doctoral spécifiquement normalien, c’est le CDSN (c’est spécifique aux ENS).
- Il y a une spécificité à ce contrat ?
H. : C’est pour les normaliens et c’est rémunéré. J’ai pu obtenir ce contrat et j’entame ma première année de thèse cette année à l’ENS de Lyon en cotutelle avec l’Université de Montréal et en codirection avec l’Ecole Pratique des Hautes Etudes à Paris.
- Pourquoi cette cotutelle avec Montréal ?
H. : Parce que je voulais d'abord travailler avec Christian Leduc qui s'intéresse à des thèmes de recherche qui sont proches des miens, pour avoir une expérience à l'international, et aussi pouvoir accéder à d'autres ressources en bibliothèque.
- Finalement, vous allez faire une partie de votre thèse là-bas ?
H. : Oui, je pars le 15 juillet et je vais y rester un an. Ça permet à la fin du doctorat d’être diplômée à la fois en France et au Canada.
- Qu'est-ce qui vous plaît dans la Philosophie et plus particulièrement dans votre sujet de thèse ?
H. : C’est surtout la philosophie de la religion et la philosophie des mathématiques, c’est vraiment les deux domaines qui m’intéressent le plus. Mon sujet c'est Leibniz et l’apocatastase, et j’étudie les deux sens de l’apocatastase. Le premier sens, c’est le fait que les individus et les évènements reviennent, c’est le fait que tout se répète, et ça Leibniz l’étudie à partir d’un calcul combinatoire où il prend en compte les lettres de l’alphabet. Pour ce sens-là de l’apocatastase, je m’intéresse surtout aux écrits mathématiques et logiques de Leibniz. Et le deuxième sens de l’apocatastase, que j’étudie aussi, c’est le fait qu’à la fin, tous les hommes, y compris les démons et même le diable sont sauvés. Tout le monde va au paradis. Pour ce sens-là, j’étudie principalement les écrits théologiques et métaphysiques de Leibniz.
- Je n'arrive pas à saisir le lien entre la partie logique/mathématiques et la partie théologie, ce sont deux choses séparées ou liées ?
H. : Parmi les théoriciens de l’apocatastase, il y en a qui lient les deux sens et il y en a qui les distinguent. Chez Leibniz, c'est ce que j'essaye de montrer dans ma thèse, il y a une vraie complémentarité entre les deux. Mais c'est une complémentarité dont j'essaye encore de comprendre précisément le sens.
- Pourquoi ce sujet ?
H. : C'est un sujet qui me passionne et sur lequel je prends beaucoup de plaisir à travailler. Mais c'est surtout par besoin. J'ai besoin de trouver des réponses à ces questions et surtout au problème plus général du mal qui est un problème qui me hante depuis longtemps.
- C'est ce besoin de réponse qui vous a motivé à vous inscrire en doctorat ?
H. : Oui, c’est vraiment ce besoin d’avoir des réponses et aussi parce que la recherche me plaît énormément. Cette année j’ai aussi découvert l’enseignement, les deux me plaisent beaucoup. Je suis contente de pouvoir faire les deux.
Sur la formation Isidoc't
- Comment avez-vous eu connaissance de la formation que vous avez suivie ?
H. : C’est sur SIGED, je regardais les formations et celle-là m’intéressait particulièrement donc je me suis inscrite. Je voulais vraiment comprendre le domaine de la recherche, ainsi que son environnement. Je ne connaissais pas du tout, c’était un peu flou. La séance qui m’a particulièrement intéressé concernant l’environnement de la recherche, c’est celle sur la publication. Comprendre les processus et les mécanismes en amont, avant que l’article soit publié, c’est vrai que ça, ça restait assez flou.
- Depuis la formation, est-ce que vous avez avancé sur votre bibliographie ? Est-ce que ça vous a aidé ?
H. : J’avais déjà commencé et ça fait longtemps que je travaille sur Zotero, donc pas tellement. Mais, par exemple, on a vu la mise à jour de Zotero, et là, il y a quelque chose que j’utilise et que je n’utilisais pas avant, c’est la possibilité d’annoter des PDF directement à partir de Zotero. Je ne le faisais pas avant et grâce à la formation, j’ai appris à la faire, je m’en sers beaucoup maintenant.
- De manière générale, est-ce que vous avez l'impression que depuis Isidoc't il y a des choses qui ont bougé dans votre manière de travailler ?
H. : Ça m’a surtout permis de mieux comprendre le domaine de la recherche en général, j’ai l’impression de mieux comprendre certains codes, de mieux comprendre l’environnement dans lequel je suis.
- Ces formations permettent de rencontrer d'autres doctorant.es, je ne sais pas si de manière générale vous en avez l'habitude ou si vous êtes plutôt isolée ?
H. : J’ai de la chance parce qu’on n’est pas beaucoup à travailler sur Leibniz donc il y a un groupe de jeunes leibnizien qui a été mis en place et on se rencontre souvent, à peu près deux fois par mois. On se présente l’avancée de notre recherche et ça permet de discuter ensemble, ça permet vraiment de s’insérer quand on commence sa thèse. Et sinon, je travaille dans la salle des doctorants à l’ENS où on est deux/trois à travailler, mais c’est vrai que l’on travaille plutôt de manière solitaire. Après je ne suis jamais complètement isolée, je discute régulièrement de mes recherches avec mes directeurs de thèse ou d'autres spécialistes de Leibniz. Les colloques donnent aussi la possibilité de présenter le travail qu'on a pu faire devant beaucoup plus de monde.
- Les formations dans le doctorat prennent-elles beaucoup de place ? En avez-vous suivi d'autres depuis le début de l'année ?
H. : Là récemment, j’ai fait la formation sur la gestion du stress en doctorat, qui était vraiment très bien. Et généralement je les mets sur plusieurs jours d’affilés, comme ça je peux faire plusieurs heures d’un coup. Et sinon, pour valider mes heures de formation, je participe à l’établissement d’un colloque et je travaille sur les manuscrits de Montesquieu, ça permet de valider des heures. J’ai aussi suivi un colloque au second semestre.
Sur la bibliothèque
- Quelle place prend la bibliothèque dans votre travail de recherche ?
H. : Je crois que le problème c’est que j’ai beaucoup trop travaillé à la bibliothèque quand j’étais en master 1 et en agrég'. Surtout qu’à l’époque – ce n'est plus le cas maintenant – Diderot fermait à 1h du matin et j’ai passé des nuits et des nuits à travailler à la bibliothèque jusqu’à 1h. Aujourd’hui, j’ai du mal à travailler à la bibliothèque, j’y prends surtout mes livres. Après je fais parfois des allers-retours à Paris. Là, je vais travailler à la bibliothèque Sainte Geneviève, il y a un espace dédié aux chercheurs, c’est pratique. Comme j’ai un sujet pluridisciplinaire, je navigue entre toutes les bibliothèques : Lyon 1 à la Doua pour prendre des livres de mathématiques, à la bibliothèque Catholique de Lyon pour prendre des livres sur le protestantisme, à Lyon 3, à Diderot. Je vais aussi à la bibliothèque de la Part Dieu, j’y trouve des livres qu’il n’y a pas dans les bibliothèques universitaires.
- Une place importante tout de même.
H. : Oui !
Propos recueillis par Raphaëlle Billy
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