Mise à jour le 04 nov. 2022
Publié le 29 août 2022 Mis à jour le 4 novembre 2022

Les BU de Lyon 2 organisent des formations spécifiques pour les doctorants : Isidoc't d'une part (en collaboration avec Lyon 3 et l'ENS), et d'autre part, un module "Science Ouverte" destiné à les aguerrir aux outils et principes de ce thème. A travers ces portraits nous en apprenons un peu plus sur leur sujet de thèse et l'intérêt des formations qu'ils ont suivies.

Photo doctorante Saori

Saori est japonaise et dès son arrivée en France elle s’intéresse à la culture et à la notion même de patrimoine. C’est autour de ces deux centres d'intérêts qu'elle se dirige vers le master Culture de l’écrit et de l’image (Lyon 2 / Enssib) pour ensuite entreprendre un travail de thèse. Nous avons parlé culture, archives, publication et science ouverte.

 
Retrouvez les détails de la formation Isidoc't et du Module Science Ouverte
 

Parcours universitaire et travail de recherche

  • Pourriez-vous expliquer votre parcours universitaire ?
    S.
    : J’ai fait ma licence au Japon dans la faculté de Sciences Humaines et plus spécifiquement en japonologie. Avec cette licence, on peut soit devenir formateur, soit conservateur de musée [cette licence en japonologie est notamment tournée vers les Sciences de l’Education avec des enjeux de comparaison internationaux]. Je me suis rapidement intéressée aux objets anciens, j’ai donc choisi le second parcours pour devenir conservateur de musée. Mais finalement, après l’obtention de mon diplôme je me suis tournée vers le secteur privé où je dispensais des formations pour adultes. En 2014, après un accident important, je me suis décidée à venir en France pour y apprendre la langue. Au départ c’était uniquement pour apprendre le français mais ma curiosité pour les objets anciens, les musées et toutes les structures culturelles françaises s’est énormément développée. J’avais envie de comprendre comment tout cela fonctionne. Il y a aussi la notion de patrimoine qui m’intéressait, ça existe aussi au Japon mais avec des subtilités différentes.
     
  • Quelles sont ces différences de définition ?
    S.
    : Par exemple, au Japon le « patrimoine » peut désigner des personnes encore vivantes, on nomme cela des « personnes trésor d’Etat ». En France, on ne trouve pas cette dimension dans la définition du patrimoine. Pour mieux comprendre ces contrastes, je me suis tournée vers le master Culture de l’Ecrit et de l’Image de Lyon 2 et l’Enssib.
     
  • Quel sujet de mémoire avez-vous choisi lors de votre master ?
    S.
    : Comme sujet de mémoire j’ai choisi d’étudier une collection japonaise sur Lyon, celle-ci explique la relation entre la France et la Japon au XIXème siècle. C’est un sujet déjà étudié par d’autres chercheurs, notamment via les objets d’Art. De mon côté, je m’intéresse aux collections d’écrits (livres anciens, archives, images, etc.) d’Emile Guimet. En commençant ce travail de recherche, je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de Japonais qui avaient été invités à Lyon par M. Guimet. Cela m’a permis d’émettre l’hypothèse de départ que j’allais probablement découvrir de nouveaux documents qui relatent ces voyages, ces échanges. La même année, j’ai fait un stage à la Bibliothèque nationale de France pour m’occuper des archives en rapport avec le dépôt légal. J’ai beaucoup apprécié travailler dans les archives sur des objets anciens, la BnF c’était le paradis pour moi. Là-bas, j’ai trouvé une autre piste qui a renforcé mon hypothèse de départ. Cette expérience m’a donné envie de continuer mes recherches. Actuellement je travaille sur des archives, j’étudie certains transferts de collections entre musées, cela me permet de connaître la provenance des documents. On peut dire que je suis dans une phase de travail d’historien.
     
  • C’est ce stage à la BnF qui a été décisif dans votre envie de vous inscrire en doctorat ?
    S.
    : Il y a eu deux motivations pour moi. La première, c’est que j’ai toujours rêvé de travailler pour le Japon et la France et ainsi de stimuler la relation entre ces deux pays. J’avais cette envie également d’apprendre la langue française. La seconde motivation, c’est grâce à mon stage à la BnF où j’ai réalisé que j’aimais fouiller et travailler dans les archives. Si un jour j’avais la chance d’exercer au sein d’un poste qui me permet de travailler pour la culture de la France et du Japon, ça me plairait beaucoup.
     
  • Vous effectuez votre thèse en cotutelle ?
    S.
    : Potentiellement ça pourrait l’être, c’était mon idée au départ de trouver un directeur de thèse dans une université japonaise mais ça ne s’est pas encore fait. Actuellement je suis très contente de ma directrice française qui m’encadre, elle me donne beaucoup de conseils et de pistes à étudier concernant le patrimoine écrit et la bibliothéconomie. Pour la partie spécifique au Japon de mon travail de recherche, il faudra que je me tourne vers des professeurs spécialistes de ce domaine. Je suis également membre depuis 2018 de la société franco-japonaise des bibliothécaires et documentalistes, ça me permettra peut-être de rencontrer des professeurs.
     

Sur le module Science Ouverte

  • Comment avez-vous eu connaissance du module Science Ouverte ?
    S.
    : C’est lorsque vous l’avez présenté au moment de la rentrée de mon école doctorale. Ça m’a intéressé, notamment pour la partie open edition.
     
  • Pourquoi l’open edition spécifiquement ?
    S.
    : Lorsque j’ai effectué mon stage à la BnF, j’ai écrit un article et c’est ma directrice qui l’a publié sur le carnet de recherche de la bibliothèque. Elle m’avait créé un compte mais j’avais du mal à récupérer l’article, je voulais l’affilier à un identifiant chercheur, je voulais également comprendre comment fonctionne HAL et cet univers de la publication en accès ouvert.
     
  • Avant la formation vous aviez déjà entendu parler de Science Ouverte ?
    S.
    : Le terme de « science ouverte », non, mais grâce aux formations j’ai compris que les chercheurs et étudiants devraient avoir connaissance de cette notion.
     
  • A propos des identifiants, peut-être que l'on n'a pas assez abordé cette partie-là, dans cette séance. On a vu l'idHAL, on a vu ORCID mais on n'a peut-être pas vu de façon très précise tous les alignements. Si vous avez des questions précises et que vous voulez vous connecter à votre compte à ce moment-là il faut vous adresser au service de soutien à la recherche, on pourra vous accompagner de manière plus personnelle et individualisée. Vous êtes dans quel laboratoire actuellement ?
    S.
    : Je suis dans le laboratoire IHRIM (Institut d’Histoire des Représentations et des Idées dans les Modernités). Il est intéressant pour l’aspect de ma thèse où je travaille sur l’histoire des archives et les changements de collections, ça fait partie de la bibliothéconomie du XIXème siècle. Mais il y a un autre aspect de ma thèse, notamment sur les relations franco-japonaises qui est un peu annexe au laboratoire, je suis contente de pouvoir apporter ces éléments-là avec une dimension internationale.
     
  • Depuis que vous avez suivi cette formation, est-ce que vous avez eu l’occasion de discuter de Science Ouverte avec d’autres doctorants ou chercheurs ?
    S.
    : Avec d’autres chercheurs, oui, ce matin j’ai discuté avec un chercheur qui était à Singapour, il se posait des questions de droit d’auteur et de diffusion concernant des photos, on a également parlé de Science Ouverte.
     
  • Est-ce que dans ces formations il y a des éléments qui vous sont déjà utiles ou qui vont l’être rapidement ?
  • S. : Pas forcément tout de suite car je n’ai pas de publication en cours pour l’instant. Néanmoins, je remarque que la science ouverte, l’open access, etc., ce sont des termes qui apparaissent de plus en plus dans les mails du laboratoire, de l’université. Si je n’avais pas suivi cette formation, je n’aurais pas pu comprendre de quoi il s’agit. Aujourd’hui, lorsque je vois le mot Science Ouverte dans des publications, je m’y arrête, ça m’intéresse. Grâce à la formation, je comprends l’importance de cette notion, notamment lorsque l’on est chercheur.
     
  • Est-ce que selon vous, il y a des choses qui vous ont manqué dans ces formations, comme des aspects juridiques plus précis ? Faute de temps ou alors parce que nous n’y aurions pas pensé ?
    S.
    : Personnellement non, comme je n’avais pas de base sur le sujet, j’ai appris beaucoup de choses pendant toute la formation. Ce qui était intéressant aussi c’était d’être avec d’autres doctorants internationaux. Ceux d’Amérique Latine ont beaucoup parlé de l’identifiant ORCID, je n’en avais jamais entendu parler avant. Je me suis demandé si j’allais toujours travailler en France, parce que si je reste peut-être qu’ORCID ce n’est pas très important. En revanche, lorsque je discute avec des amis du Japon, ils me disent que pour eux ORCID c’est important pour publier des articles en anglais dans les revues aux Etats-Unis ou au Canada. J’ai également réalisé qu’il y a différentes règles dans la science ouverte au niveau mondial, européen, national. Aujourd’hui comme les chercheurs sont assez internationaux ça peut être difficile de tout connaître même si ce sont des informations importantes à savoir.
     
  • En somme le module vous a semblé être un bon panorama ?
    S.
    : Oui, votre proposition était intéressante et maintenant je sais que pour certaines questions comme la publication c’est mieux de s’adresser à la bibliothèque qu’au secrétariat. Les informations étaient vraiment complètes. Après, chacun son cas, case by case, il faudra peut-être avoir dans le futur des sessions plus individualisées.
     
  • Est-ce que vous voulez ajouter le mot de la fin ?
    S.
    : Je voulais vous remercier pour cette formation, j’ai vraiment l’impression que cette année les choses ont évolué dans le niveau d’importance qu’on donne à la Science Ouverte. Il y a encore quelques semaines j’ai vu certaines formations qui montraient que la Science Ouverte était devenue importante comme pour la soutenance par exemple. Je me renseignerai peut-être aussi l’année prochaine.
     
Propos recueillis par Raphaëlle Billy et Christelle Caillet